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Berlin Aout 88 - Chapitre II - 20 ans plus tard

Chapitre II - 20 ans plus tard

20 ans plus tard Betty va être nommée DRH d'une grosse société.

Assise derrière mon grand bureau, je savourais ma réussite, à 37 ans j'étais une cadre importante de cette grosse société d'import export. Mariée depuis 15 ans, j'étais heureuse, comblée, mon mari, responsable d'une grosse agence bancaire, était gentil, attentionné, je ne pouvais espérer mieux.

Je terminais un rapport important pour ma carrière, je devais passer DRH à la fin du mois, tout me souriait, ma fille de 15 ans me ravissait le cour, elle était en pension à l'année et nous ne la voyons que pendant les vacances scolaires, je m'étais consacrée à ma carrière et je dois avouer que j'avais pas mal réussi, moi la petite provinciale de l'Allemagne rouge. Les commémorations de la chute du mur me ravivaient certains souvenirs dont je n'étais pas très fière, mais bon, c'était de l'histoire ancienne, plus personne de nos jours se préoccupait de ces histoires, l'Allemagne avait tourné la page et j'étais bien contente ainsi.

La porte du bureau s'ouvrit sur Hansel, mon collègue des ressources humaines
« Et bien Betty, tu ne viens pas pour le pot de départ de Sarah ? »

Je relevais la tête, le regardant de mes grands yeux bleus qui faisait fondre le cour de bien des hommes les plus endurcis.
« Oui bien-sur Hansel, je termine ce rapport et j'arrive, ne m'attend pas », lui souriant en le regardant fixement.
« Tu vas te tuer au travail, arrêtes un peu ma jolie », il m'envoya un bisou de loin. Je le trouvais gentil, je savais bien que nous étions en concurrence pour le même poste mais il savait que j'avais plusieurs longueurs d'avances et admettait sagement la chose.

Je me retrouvais à nouveau seule, j'aimais la solitude, le silence. Je savourais chaque seconde en ce moment. Je jetais un regard attendri vers la photo de Marc, mon mari, qui me souriait au travers l'image. La sonnerie du téléphone me fit sursauter, je me demandais bien qui pouvait appeler à cette heure, tout le monde ou presque était au Rez de chaussé à boire et manger pour le départ à la retraite de Sarah, la DRH.
« Allo ? ». Je restais en suspend, attendant que l'interlocuteur se dévoile. Reculant un peu mon siège, je m'étirais, fatiguée de la longue journée qui n'en finissait plus.
« Madame Duval ? Betty Duval ou plutôt Betty Von Baise ? »

Je tressautais
« Pardon ? Qui demandez-vous ? ». J'avais cru mal entendre.

La voix au téléphone était calme, posée « Vous avez bien compris Madame Von Baise. »
Un silence pesant. J'étais mortifiée. Personne ne savait pourtant. Je n'avais tourné que deux films, il y a 20 ans. C'était mon nom de scène.
Je me sentais vidée, je regardais autour de moi comme si je pouvais voir mon interlocuteur
« Vous êtes toujours là Betty ? Je peux vous appeler Betty n'est ce pas ? ». La voix était toujours calme, posée, c'est ce qui me terrorisait le plus
« Heu oui je suis là. ». Réussissant à bafouiller faiblement.
« Jetez un oil à votre fax Betty. »
Je blêmis. Comment pouvait-il connaître mon numéro de fax privé ?
D'un clic de souris je lançais l'application. Je n'en croyais pas mes yeux.
« Ho non. Ce n'est pas possible. ». Une photo en noir et blanc, mal scannée mais je pouvais parfaitement me reconnaître. Et ce que j'avais à la bouche n'était pas une sucette. Je reconnus de suite la scène de la soubrette. J'étais mortifiée, abattue.

Je fis un effort sur moi-même, restant calme et d'une voix neutre je repris la conversation :
« Que voulez vous ? Combien ? »

Un éclat de rire me fit sursauter.
« Allons Betty, voyons. Pas d'argent entre nous. »

J'avais du mal à retenir mes larmes. Le passé venait de ressurgir comme les commémorations de la chute du mur mais là c'était moi qui étais en train de chuter de mon piédestal.
J'essayais de réfléchir, je restais sans voix au téléphone, muette.
« Betty ? Vous allez bien ? Vous n'avez pas changé, toujours aussi belle. Au fait. Vous ne descendez pas au pot de départ ? »
Je laissais tomber le téléphone de stupeur. Cet homme me connaissait, il était là, dans l'immeuble, sûrement un collègue. C'était l'horreur absolue.
Je me levais d'un bond. Respirant fort, de rage, de colère. Je jetais un regard rapide vers mon reflet de la grande fenêtre, essayant de reprendre mon calme. J'ajustais la jupe du tailleur pied de poule. Et sortis, les jambes flageolantes.

Une dizaine d'étage plus bas, je me retrouvais au milieu de la foule des collègues, je me sentais mal sachant que l'un d'entre eux connaissait mon histoire sordide.
« Ha Betty tu es la enfin, viens par la », Hansel me prit par le bras en me conduisant vers la DRH qui me sourit en me voyant.
« Betty ma chérie, tu devrais prendre un peu de recul, tu es toute pale ma chérie ». Sarah qui me connaissait depuis mon arrivée dans cette entreprise avait remarqué mon teint pale malgré mon maquillage de poupée.
Je me forçais à sourire, le PDG était à ses côtés
« Et bien Miss Duval, il est vrai que vous semblez être fatiguée ». L'homme était un pur produit de la haute finance, dur et calculateur malgré son air bon enfant et son embonpoint.
« Ce n'est rien Monsieur Durandal, juste un coup de fatigue, vous nous faites trop travailler », lui souriant.
« Tenez, prenez, cela vous fera sûrement du bien ». Il me tendit une coupe de champagne.

« Et en plus vous voulez me saouler ? Auriez-vous quelques vilaines idées en tête Monsieur ? »

Prenant le verre et le portant à mes lèvres boudeuses en le fixant de mes grands yeux bleus.
« J'ai toujours de vilaines pensées lorsque je vous voie ma chère ». Il me caressa l'avant bras en me fixant. Nous avions toujours eu ce genre de rapport, un jeu de séduction qui s'arrêtait de suite et nous l'entretenions.
« Et après on se demande qui sera la nouvelle DRH, les jeux sont pipés d'avance n'est ce pas ? ». Hansel, réaliste, éclata de rire en buvant cul sec son verre.

Je l'écoutais à peine, tendue, me demandant qui pouvait être cet odieux personnage, essayant de le reconnaître dans les regards des convives. Je doutais de tout à présent. Hansel ? Lui si posé, si gentil, se pourrait-il que ce soit lui ?... Je le détaillais sans m'en rendre compte et tressautais alors qu'il posa sa main sur mon avant bras
« Quelque chose te tracasse Betty ? Tu ne te sens pas bien ? ». Sa voix douce me fit sursautais, je réalisais que j'étais en train de perdre pied.
« Heu non ça va aller, juste un peu de fatigue, la pression sûrement ». Lui souriant tendrement, évacuant de ma tête cette hypothèse peu probable.

La soirée se terminait, déjà beaucoup s'en étaient allés et je restais presque seule avec Sarah, la brave femme, qui était pas mal éméchée, et riait sans arrêt.
« Venez Sarah, je vous raccompagne », la prenant par le bras, je la guidais vers la sortie, jetant un dernier regard vers la salle ou s'affairait à présent uniquement les serveurs en livré.
J'avais du faire un cauchemar si ce n'était ce maudit fax dans mon sac à main.

Je ramenais la DRH chez elle et roulait lentement en rentrant à la maison par les chemins de traverse, laissant vaguer mon esprit sur cette époque, je me revoyais dans les bras de l'odieux producteur, une envie de vomi à la bouche en repensant au personnage. Je crevais d'envie de pleurer mais aucune larme ne sortait de mes grands yeux bleus, j'avais le ventre noué et je ne me rendis même pas compte que je me rendais dans mon ancien quartier.

La luxueuse Mercedes faisait tâche dans ce quartier mal famé. Je tressautais alors que quelqu'un tapotait à ma vitre
« Alors Salope, t'es venue te faire niquer ? ». Je blêmis en tournant la tête, apercevant un inconnu mal fagoté, mal rasé. Je démarrais en trombe aussi vite, le laissant en plan. Et me mise à pleurer enfin. Je n'arrivais plus à me calmer, le visage dégoulinant de larme, j'étais secoué de spasme et lorsque j'arrivais enfin devant la porte de garage de la résidence de luxe, je mis un temps fou à trouver la télécommande. Je me garais à mon emplacement réservé et stoppa le moteur, un long silence se fit, je restais dans la voiture, immobile, perdue dans mes pensées les plus noires, tout était fini, toutes ses années de labeur étaient perdues, je risquais de tout perdre en un instant. Je me regardais dans le miroir de courtoisie.
« Ho mon dieu. Je suis affreuse. ». Mon maquillage avait coulé, j'étais dans un tel état que si je montais ainsi, mon mari allait être affolé, je fis un effort sur moi-même et me remaquillais, rendant un semblant de beauté à mon si joli visage de poupée blonde.

L'ascenseur arrivait directement dans l'appartement, tout était silencieux, Marc devait sûrement déjà dormir, il avait l'habitude de se coucher tôt, je retirais mes escarpins afin de faire le moins de bruit possible et me rendis dans le dressing afin de me changer. J'étais lasse, épuisée, j'évitais de me regarder dans le grand miroir comme je faisais habituellement, enfilais une nuisette sur mon corps nu et me rendis à la salle de bain pour me démaquiller.
Je m'assis sur le tabouret, face au grand miroir et défis le chignon délicat, j'aimais lisser mes cheveux fins avec une brosse en me regardant, je voyais une jeune femme malheureuse, triste dans le reflet. Un petit démakup et en 5 mn je fis disparaître tout le maquillage, naturelle j'étais encore très belle, ma peau de pêche, douce, tendre, couleur miel, je faisais l'envie de toutes mes copines au lycée.
« Tu as l'air bien triste ma chérie ? », la grosse voie douce de Marc me fit sursauter et je sentis sa grande main me caresser ma nuque. Je relevais la tête, le regardant dans le miroir en souriant tristement
« Tu ne dors pas biquet ? Je suis lasse, fatiguée ». Lui parlant doucement, chuchotant presque pour ne pas rompre ce silence apaisant qui régnait dans la maison.
« Viens te coucher alors bébé » il me souleva légèrement par les aisselles en me guidant vers notre grand lit nuptial. Je me sentais bien dans ses bras et me laissais guider, m'allongea en souriant, je sentais qu'il avait envie de moi aussi lorsque qu'il s'allongea à mes côtés, me fit un tendre baisé dans le cou, en me caressant la nuque, laissant glisser sa main vers le haut de ma poitrine. Je me sentais malheureuse et lui retiens la main en murmurant faiblement « Pas ce soir chéri, je suis épuisée, excuses moi. » Me blottissant dans ses bras, j'essayais de m'endormir alors qu'il me caressait le dos, frustré de ne pas avoir pu me prouver son amour.

Il s'endormit rapidement contre moi. Je rêvassais, revoyant des scènes affreuses.
Marc se leva tôt comme à son habitude, souris en me voyant endormie, mes longs cheveux blonds autour de mon joli visage, il était fou amoureux de moi. Il ne fit aucun bruit, me laissant dormir encore, préparant le café pour lui et du thé pour moi. Il revint 10 mn plus tard avec un plateau dans les mains, un bol fumant et des croissants chauds.
J'ouvrais les yeux et l'aperçus, si gentil, si attentionné, se tenant debout devant moi avec son plateau du petit déjeuner. Je sentis une bouffée monter et éclata en sanglot, ne pouvant retenir mes larmes.
Il déposa le plateau sur le petit guéridon, surpris de me voir pleurer. Et s'assit à mes côtés sur le lit, l'air inquiet.
« Qui y a-t-il Betty ? Ça ne va pas ? ». Me caressant le front de sa main droite.
« Mais tu es brûlante, tu as de la fièvre ma chérie, couvres toi » Tirant la couverture sous mon cou en me caressant le visage.
« Ce n'est rien, ne t'inquiètes pas biquet » Je me redressais sur le lit en tirant un peu sur ma nuisette afin de masquer un peu ma poitrine libre à ses yeux.

Une bonne douche et cela ira mieux, donnes moi le thé stp » m'asseyant sur le lit en évitant son regard.
«Tu devrais rester te reposer ce matin, je préviendrais Durandal, ne t'inquiète pas. »
« Non ça ira mon chéri, je dois y aller, j'ai une réunion importante, tu sais que Sarah ne travaille plus, je dois la remplacer et c'est mon premier jour, c'est important que je ne sois pas en retard. ». Me levant après avoir avalé le thé, délaissant les croissants, je me rendis à la salle de bain ou une douche salvatrice me remit sur pied. Et c'est drapée d'une serviette blanche que je fis un tendre bisou sur la bouche de Marc.
« A ce soir mon amour, ne m'attend pas pour dîner, je rentrerais sûrement tard. »

Il était déjà fin prêt dans son éternel costume cravate sombre, son petit ventre lui déformait un peu son aspect mais je le trouvais encore très séduisant pour ses cinquante ans.
« Je dois me rendre sur Paris aujourd'hui et je n'étais pas certain de pouvoir rentrer, tu fais bien de me le dire, je demanderais à Clara de me réserver une chambre au Hilton, je rentrerais demain, on déjeune ensemble demain ? »
« Attend », je lui arrangeais son noud de cravate, impensable qu'il ne sache pas le faire seul « Oui bien sur, demain mon chéri, fais bon voyage ».

Proposée par duval.bb.


Commentaires de l'histoire :

Mika
Vivement la suite...

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